SURGIRENT vêtus en « amis »
Par domcorrieras, le jeudi 26 octobre 2017 - Poèmes & chansons - lien permanent
VII
SURGIRENT
vêtus en « amis »
d’incalculables fois mes ennemis
leurs bottes foulant le sol ancestral.
Or ce sol n’eut jamais d’affinités avec leurs talons.
Apportant
l’Expert, le Colonisateur et le Géomètre,
des livres pleins de mots et de chiffres,
la Toute-Puissance et Toute-Obéissance,
ils ont domestiqué le feu ancestral.
Or ce feu n’eut jamais d’affinités pour leurs foyers.
Nulle abeille un seul instant ne s’est laissé prendre à l’or ayant
inspiré son jeu
nul zéphyr un instant, aux blancheurs soulevant les tabliers.
Ils érigèrent et fondèrent
sur ces monts, dans ces vallées, dans ces ports
tours inébranlables et villas
navires et autres bois flottants,
les Lois, celles qui prescrivent l’exploitation et le profit,
fondant leur application sur l’aune ancestrale.
Or cette aune n’eut jamais d’affinités pour leur pensée.
Nul sillage de divinité dans leurs âmes n’a laissé le moindre
amer
nul clin d’œil de néréide n’a tenté de leur dérober la parole.
Surgirent
vêtus en « amis »
d’incalculables fois mes ennemis,
nous faisant présent de cadeaux ancestraux.
Mais en substance leurs cadeaux n’étaient rien
d’autre finalement que fer et feu.
Entre les doigts écartés qui attendaient
rien que des armes et du fer et du feu.
Rien que des armes et du fer et du feu.
Odysséas Elytis / Axion Esti / Psaume VII