La femme superbe
Par domcorrieras, le dimanche 30 juillet 2017 - Poèmes & chansons - lien permanent
Je fus cet animal qui ronge et lape
se reproduit, à même le sol
ainsi étais-je dans le val nuitamment
à la recherche de qui mordre qui
pénétrer sous les étoiles
je vis cette femme — cette femme —
dès cet instant j’en fus
de rage, conquis, ah! corps humain!
je te confie mon sper-
me d’âme et ma face peu amène,
mes griffes et crocs, ces ongles,
mes dents de piège à homme oui
tout cela : mauvaisement
Ses sécrétions, ses sueurs et ses urines
il s’en repaît de cœur, n’est-elle pas la
donneuse de vie?
Baroque bloc de
calcaire blond la voici qui s’allonge,
se
tend, se cabre, offrant au marcheur las
cette fleur,
égale de la gentiane rare d’al-
titude!
Ses sécrétions, ses sueurs et ses urines,
bientôt toutes ses
larmes de dos.
Me voici,
la face entière
dans les poils de
cette femme superbe,
portés avec élégance
doux et blonds.
Tous deux nous sortons de
la crinière ardente d’une vallée esseulée
où gesticule la bave noire d’
un torrent semblable
aux excréments d’un dieu primaire.
Et
je lui dis qu’elle est unique,
ainsi:
statue
de sainte et de putain
sur
son socle géant.
Franck Venaille / Tragique