« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Congo


 

 

 

 

La nuit tous les chats sont gris, dit-on. Ici, la ville nous tend ses bras, les lumières s’éveillent tandis que les cocotiers et la faune alentour guettent le moindre mouvement des jeunes. Nous n’avons rien à cacher, nous n’avons donc rien à déclarer au cœur de la nuit… Nous voulons vivre, partager notre ivresse jusqu’au premier chant du coq.

 

………….

 

La forêt est là, impériale, guettant l’horizon. Oui, c’est dans cet amas de végétation que se terrent nos esprits, et tout animal qui s’y trouve est une réincarnation d’un être disparu mais qui erre encore dans les artères de la ville. Lorsque le vent souffle, les cimes des arbres bougent frénétiquement : on dit alors que le esprits se peignent les cheveux pour nous apparaître très séduisants.

 

………….

 

La nuit demeure imperceptible. Ne jamais craindre les ténèbres, les branches mortes ou coupées par l’homme. La forêt est le refuge de notre enfance, et parfois on tombe sur une trace de la modernité ; une carcasse de voiture abandonnée en plein cœur de la brousse deviendra le jouet le plus prisé des gamins du village.

Alain Mabanckou / Congo (extraits)