« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

30 septembre : fugue


 

 

 

 

j’entonne le thème d’un bal musette où harpe et

violon contrepointent des harmoniques aiguisées

comme des incisives que frotterait un fantôme aux

soupirs marqués des abîmes de l’expiration — et

demain sera un ailleurs

 

vérouillage velléitaire des amputations mathéma-

tiques ruissellement d’eau fraîche et de sueur sur

des statues de pierre en devenir de dinosaure qui

pour perpétuer son espèce dissout l’encre des lettres

pour la postérité — et demain sera au firmament

 

les lettres sont un testament moqueur que des

sirènes qui ne se taisent jamais assènent tel un

sonnet poussière dans la lumière glorieuse et

incertaine des activités physiques — et demain sera

dans une heure

 

vallée enclavée d’haltères où ma bien-aimée accom-

plit ses journées au-dehors de mes rêves et où ma

miction douloureuse rabote les serres de mes

montures de cinéma à forme humaine et fragile —

et demain sera un concert de louanges

 

le vent du nord a foré les plumes de mon manteau

de prière enfermé les secrets des nombres dans une

boîte que même pandore ne saurait attaquer il me

faut amorcer l’envol des expressions couchées avec

le sang versé au fil des coupures et vous serez là

pour m’accueillir stégosaures amis qui buvez au

crépuscule les teintes colorées du celluloïd durci par

des millénaires de projection — et demain sera une oraison

 

demain est mon oraison

Florent Toniello / Ptérodactyle en cage