« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Jo le renégat


 

 

 

 

C’est un beau jour, c’est un dimanche

 

Sous les voliges les saletés

Les vents sont plein d’aménité.

 

Un ouvrier, poète-légat,

Du mortier plein les agrégats

Ses vents sont plein d’urbanité.

Son cœur est las de taches blanches.

 

Des mots vertiges en beaux dégâts

Sur l’échafaud il fend la bise

Son nom est Jo le renégat.

 

Avant l’aurore, au black, il fait

des vocalises, de la bohème

qui claque, en afrobranche : de la

remise de pierre de nougats.

 

C’est un beau jour, c’est un dimanche

 

Une dame passe la jupe en tulle,

 

Sous une planche de construction

les seins naissants, la belle hanche,

Il voudrait voir sous son sous-pull

Les plaques chaudes à induction

 

Le virtuose est cafardeux

(seul un ténor peut la séduire)

Sa voix en or se met à cuire

Il tente le chant du hasardeux

 

C’est un beau jour, c’est un dimanche

 

Pour composer un mètre ou deux

Dans son manteau calorifuge

(Rotondité de subterfuge)

Sa bouche expie de mortes choses

Viscose et autres vermifuges

 

Son esprit vole dans le boisseau !

propage des feux de seringats

On devrait dire « s’endimancher »

Encheminé dans son morceau

Vapeurs de nase sur sa manche

Il cherche en vain à terminer

la dame trace comme un faisceau. 

Mathieu Olmedo / REVU la revue de poésie snob et élitiste - N°2
Photo : Mathieu Olmedo, Théophile Coinchelin, Théo Maurice, Nahida Bessadi, Évodie Guedin