« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Céder à l’invite du tronc couché


 

 

 

 

Céder à l’invite du tronc couché

Céder à l’antique blessure

        guérie par la résine du temps

Au sortilège d’un après-midi

        en vierge forêt

Aux murmures ininterrompus de l’été

À la félicité de l’attente, à l’arrivée

        inattendue d’une amante de rêve

Au bourdonnement autour des mûres

        que les renards ont crachées

Aux écailles de serpent muées en papillons

À la soif qu’étanchent seules les larmes

À l’irrépressible nostalgie renée

        de l’éternel instant

 

Céder à l’invite du héron debout

Qui, près de l’étang, là-bas

Tend le miroir d’un soir doré

        au cœur de la mémoire terrestre

François Cheng / À l’orient de tout - Œuvres poétiques