CONVERSATION À L’INTÉRIEUR D’UN MUR
Par domcorrieras, le lundi 20 mars 2017 - Poèmes & chansons - lien permanent
Déjà
ce que j’écris s’efface
en l’écrivant
Comme une lampe
encore chaude
que la lumière a fuie
Un phare
qui ne sait plus
où la mer s’est retirée
Un oiseau
qui se retourne
et ne voit rien du vent
qu’il a brassé
Où est l’amour
et que s’est-il passé
ces derniers dix millions
de siècles
*
Rien n’est venu
de ce que nous attendions
avec l’impatience
de ceux qui grattent pour
compter les jours
dans les plâtres des murs
Aucune aube
qui soit restée une aube
aucune lumière
que l’ombre ne rattrape
Et nous nous sommes
mis à aimer l’obstiation
aveugle des vinaigres
l’amertume
insatisfaite des alcools
qui disaient
rien n’est venu
Maintenant
nous sommes ce que
l’attente a fait de nous
Et qui sait
si l’absence de réponse
n’était pas ce
que nous attendions
*
J’ai rencontré mon âme
ou quelque chose comme ça
Dans la rue où elle mendie
j’ai fait semblant de ne pas voir
J’ai croisé mon cœur
ou quelque chose comme ça
Au premier rang d’un défilé
derrière les drapeaux noirs
Et j’ai filé comme si j’avais
à faire ailleurs
Alors en rentrant j’ai bu
le bol de lait du chat
Car quelque chose au fond
de moi
la solitude
ou quelque chose comme ça
miaulait pour qu’on l’adopte
2004
Werner Lambersy / L’éternité est un battement de cils