« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Petite mort


 

 

 


Toi aussi tu as droit à ta petite mort

 

 

Avant de connaître la grande

Tu ne franchiras pas les limites de la perception

Et il n'y aura que des cloisons pour t'entendre

 

 

Elle n'est pas pour aujourd'hui

La  noblesse du dehors

En petits os éparpillée

 

 

Reste bien nichée au creux de ce lit

Qui se superpose à d'autres lits

À d'autres musiques sous casques

 

 

Seule la lumière cillera peut-être lors 

de la cérémonie de nos corps 

Levés sur des plateaux

À air conditionnés

 

 

 

 

Petite mort distribuée dans sa tête

À toute heure du jour

Par une femme-enfant

Habitant la maison de plain-pied

Éclairée au fond du vallon

D'une drôle de lampe éternelle

 

 

L’étranger le sait déjà

Qui s'aventure pour la première fois

En cette contrée herbue

Une Autriche de boite à musique

 

 

Malgré le temps suspendu

Il cherche toujours à ouvrir

les tiroirs  de la sainte  famille

Remplis de vêtements sales

Et repart  telle la taupe

Dans son ultime tremblement 

Laissant une crête de terre noire 

Peu à peu envahie par l’inondation 

Des pleureuses d'arc-en-ciel

Patrice Maltaverne / poèmes publiés dans la revue (webzine) Mgv2, n° 87,
janvier 2017 : mgv2>publishing