« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

LES SOLEILS CHANTEURS


 

 

 

 

 

Les disparitions inexpliquables

Les accidents imprévisibles

Les malheurs un peu gros

Les catastrophes de tout ordre

Les cataclysmes qui noient et qui carbonisent

Le suicide considéré comme un crime

Les dégénérés intraitables

Ceux qui s’entourent la tête d’un tablier de forgeron

Les naïfs de première grandeur

Ceux qui descendent le cercueil de leur mère 

                                                     au fond d’un puits

Les cerveaux incultes

Les cervelles de cuir

Ceux qui hivernent à l’hôpital et que leur linge

                                                 éclaté enivre encore

La mauve des prisons

L’ortie des prisons

La pariétaire des prisons

Le figuier allaiteur de ruines

Les silencieux incurables

Ceux qui canalisent l’écume du monde souterrain

Les amoureux dans l’extase

Les poètes terrassiers

Les magiciens à l’épi

Règnent température clément autour des fauves

                            embaumeurs de travail.

René Char / L’ACTION DE LA JUSTICE EST ÉTEINTE