Ainsi, il faudra donc que ce soit l’ange
Par domcorrieras, le mardi 17 janvier 2017 - Poèmes & chansons - lien permanent
Ainsi, il faudra donc que ce soit l’ange
qui boive à mes traits lentement
le vin maintenant plus limpide des visages.
assoiffé, qui t’a fait signe de venir ?
Que tu aies soif. Toi dont le torrent
de Dieu s’abîme en chaque veine. Que
toi, tu aies encore soif. Abandonne-
toi à la soif. (Comme tu m’as saisi !)
Pour moi qui m’écoule, je sens combien ton regard
était sec, et je m’incline à tel point vers ton sang
que je submerge tes sourcils,
leur pure arcade, entièrement.
……………………………………..
So, nun wird es doch der Engel sein,
der aus meinen Zügen langsam trinkt
der Gesichte aufgeklärten Wein.
Dürstender, wer hat dich hergewinkt?
Daß du dürstest. Dem der Katarakt
Gottes stürzt durch alle Adern. Daß
du noch dürstest. Überlaß
dich dem Durst. (Wie hast du mich gepackt.)
Und ich fühle fließend, wie dein Schaun
trocken war, und bin zu deinem Blute
so geneigt, daß ich die Augenbraun
dir, die reinen, völlig überflute.
Rainer Maria Rilke / Poèmes à la nuit
traduit de l’allemand par Gabrielle Althen et Jean-Yves Masson