« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Le ciel, la terre, le vent apaisé


 





Le ciel, la terre, le vent apaisé;

les vagues, qui s’étirent sur le sable;

les poissons, qu’en la mer le sommeil freine;

le nocturne silence reposé…

 

Le pêcheur Aonin, qui, étendu

là où avec le vent l’eau remuait,

pleurant, le nom aimé en vain nommait,

et qui seul nommé maintenant peut-être.

 

« Vagues », dit-il,  « avant qu’Amour me tue,

rendez-moi cette Nymphe, que si tôt

vous m’avez à la mort assujettie. »

 

Nul ne lui parle. La mer, au loin, bat;

doucement s’agitent les frondaisons…

Ôte le vent la voix, qu’au vent il jette.

 

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O céu, a terra, o vento sossegado;

as ondas, que se estendem pela areia;

os peixes, que no mar o sono enfreia;

o nocturno silêncio repousado…

 

O pescador Aónio, que, deitado

onde co vento a água se meneia,

chorando, o nome amado em vão nomeia,

que não pode ser mais que nomeado.

 

« Ondas », dizia, « antes que Amor me mate,

tornai-me a minha Ninfa, que tão cedo

me fizestes à morte sujeita. »

 

Ninguém lhe fala. O mar, de longe, bate;

move-se brandamente o arvoredo…

Leva-lhe o vento a voz, que ao vento deita.

Luís de Camões (dit « le Camoëns ) / Sonnets lyriques
traduit du portugais par Frédéric Magne