« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

HYMNE À MARIA NÉFÉLI


 

 

 

 

À présent j’ouvrirai grand mes bras

et dans les courants que je formerai

sans t’approcher tu apparaîtras

Iris Maria Néféli

verte dans les grands magasins

mauve dans les cafés en sous-sol

rouge aux enterrements des pauvres

et bleu lavande dans le sommeil des petits;

 

Iris Maria Néféli

chemise de nuit au vent

flottante et endormie

comme sortie d’un tableau de Léonor Fini

chrysalide de mon sommeil.

 

Tra un fiore e l’altro donato

l’inesprimibile nulla.*

 

Tu es belle comme un phénomène naturel

dans tout ce qui en toi conduit à l’anguille et au lynx

tu es l’averse dans les H.L.M.

l’inespérée coupure de courant;

l’astrologie se penchera sur ton lit

et appuiera ses pronostics sur ton désespoir

comme cette peinture qu’exècrent les bourgeois

mais qu’ils achèteront après-demain avec leurs milliards

Iris Maria Néféli

avec le charme de ton derrière lorsqu’il s’assied

soudain sans le moindre soupçon sur une lame de rasoir.

 

Maria Néféli, 1978

 



* G. Ungaretti « D’une fleur cueillie à l’autre offerte / l’inexprimable rien. »

Odysseas Elytis / Le soleil sait - Une anthologie vagabonde
traduit du grec par Angélique Ionatos