Où est ma patrie
Par domcorrieras, le lundi 12 septembre 2016 - Poèmes & chansons - lien permanent
Dulà ch’a è la me patria
Si clamaràia italia ?
ciantaràni tal so grin
miliòns di muàrs tal so grin,
i ciantaràiu tal so grin ?
— italia, nòn lusìnt ?
No, fantàt !
La gnoransa,
la pasiensa,
li passiòns.
li passiòns sensa amòur,
No, fantàt !
La gnoransa,
la psiensa,
li passiòns.
Sinc àins di lementàrs,
mil àins di lavòur
bestemis e ombrena
di pensadis rudis,
patria !
Scuela, bestemis e ombrena,
e cròus dal lavòur
dut pierdùt ta la gnoransa,
la pasiensa, l’italia
e mil àins di lavòur.
No, fantàt !
La patria a è par me na sèit
sierada ta un àrsit dal sec.
Nissùn a no ama i me mil àins di lavòur,
la me patria a è ta la me sèit di amòur.
No, fantàt !
………………………
Où est ma patrie
S’appellera-t-elle Italie ?
Chanteront-ils dans son giron,
des millions de morts dans son giron,
chanterai-je dans son giron ?
— Italie, nom brillant ?
Non, jeune homme !
L’ignorance,
la patience,
les tourments,
les tourments sans amour,
Non, jeune homme !
L’ignorance,
la patience,
les tourments.
Cinq années d’école primaire,
mille années de travail,
blasphèmes et ombre
de pensées amères,
patrie !
École, blasphèmes et ombre,
et croix du travail,
tout perdu dans l’ignorance,
la patience, l’Italie
et mille années de travail.
Non, jeune homme !
La patrie est pour moi une soif
enfermée dans une poitrine brûlée par le sec.
Personne n’aime mes mille années de travail.
Ma patrie est dans ma soif d’amour.
Non, jeune homme !
Pier Paolo Pasolini / Où est ma patrie
traduit du frioulan par Luigi Scandella