Le bel âge 1955
Par domcorrieras, le dimanche 11 septembre 2016 - Poèmes & chansons - lien permanent
Où sont tous les vivants qui me disaient bonjour
dans un Paris qui ne meurt jamais entre mes mains ?
Une ville raidie d’où jaillissaient mes faims,
Paris qui somnolait au fond d’anciennes cours.
Je me revois suivant son fleuve, ses boutiques ;
je passais, elle m’égarait, je surprenais
son immense roulis et ses proches musées
et ses églises dont mon pas lui donnait leur musique.
J’étais hargneux, je me croyais banni
et je ne saluais personne dans ses rues.
On me prenait pour un passant qui n’en peut plus
et je mettais des marronniers dans mes récits.
Où sont tous les enfants que je voyais à peine
quand le temps les bouscule en jouant au ballon ?
Tout doucement, Paris gardait sa vieille haleine
et le soir arrivait dans un métro trop long.
Bonjour tous les amis qui me cherchaient querelle
ou, en riant, me menaient au Café.
J’entends le cri des martinets, de leurs appels :
je jette ce miroir où je me sens si frêle.
Jean Cayrol / Chacun vient avec son silence - Anthologie