J’ai rêvé que j’étais riche
Par domcorrieras, le lundi 29 août 2016 - Poèmes & chansons - lien permanent
J’ai rêvé que j’étais riche (1)
J’étais dans la mer,
dans les viscères
de verre.
Mère-mer,
je nageais vers le toit
de soleil.
Mon cœur était
parfum de rouvre,
poisson divin.
Je nageais dans le lin frais de soleil.
Le poids du monde était un coussin
brillant de perles d’eau et de gravier.
Gravier de la mer !
Poisson de chair devenue or !
Ombre brillante des barques !
……………………..
J’ai rêvé que j’étais riche (2)
Un rayon
lune ou soleil ?
ou un saint ?
ou une lueur de mers lointaines ?
Il pleut dans la chambre
comme une violette dans le cœur d’un mort.
Ma chair chante
avec les fils de paille, cils de soleil ;
il nage dans le soleil
le lit couvert de soie blanche.
Traînée par le chœur des rayons,
la chambre vole sur les fleuves de paille
brûlée par la lumière du chœur des Riches.
La force des Riches,
comme une rosée de miel,
tremble sur le pavement.
……………………..
J’ai rêvé que j’étais riche (3)
Je suis arrivé devant Dieu.
Un lion aux yeux de jeune fille
délicate.
Il m’a dit : Signe !
J’ai vu ma main en or
qui écrivait des mots
subtils, brillants, azurés, tièdes.
Les anges, fils des riches
avec les livres sous le bras
chantaient les chansons des ivrognes.
Je les ai regardés en riant.
Mon rire ne finit jamais !
Mon rire est une aile
grande comme le ciel !
L’aile et le ciel sont un seul soupir !
Pier Paolo Pasolini / Où est ma patrie
traduit du frioulan par Luigi Scandella