« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

CCCXX


 

 

 

 

Sento l’aura mia antica, e i dolci colli

Veggio apparire, onde ‘l bel lume nacque

Che tenne gli occhi miei mentr’al ciel piacque

Bramosi e lieti, or li tièn tristi e molli.

 

O caduche speranze ! o penser folli !

Vedove l’erbe e torbide son l’acque,

E voto e freddo ‘l nido in ch’ella giacque,

Nel qual io vivo e morto giacer volli,

 

Sperando al fin da le soavi piante

E da’ belli occhi suoi, che ‘l cor m’hann’arso,

Riposo alcun de le fatiche tante.

 

Ho servito a signor crudele e scarso ;

Ch’arsi quanto ‘l mio foco ebbi davante,

Or vo piagendo il suo cenere sparso.

 

 

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Me revoici respirant l’aure ancienne. Monts

Je vous vois apparaître où naquit la clarté

Qui tint mes yeux aussi longtemps que Ciel voulut

Désirants et joyeux puis tristes et noyés.

 

Ô caduque espérance, extravagants pensers !

Esseulées sont les fleurs et troubles sont les eaux,

Et vide et froid le nid où elle se posa,

Dans lequel vif ou mort je voulus reposer,

 

Rêvant qu’un jour hanté par sa douce visite

Et ses beaux yeux qui m’ont détruit le cœur, j’aurais

Quelque compensation de mes nombreux combats.

 

J’ai servi un seigneur rapace et sans merci :

Tout brûlant fus tant que mon feu fut devant moi

Je pleure maintenant sur ses cendres éparses.

François Pétrarque / La vertu et la grâce
traduit de l’italien par André Ughetto et Christiane Guilleau