(AVIS DE MESSE) - I
Par domcorrieras, le lundi 6 juin 2016 - Poèmes & chansons - lien permanent
Mais comme tout ce qui a en soi
quelque chose de salinghe
et de salace,
c’est-à-dire qui participe
de la porcherie intestine
invétérée
de l’être,
ces déplacements
de l’animalcule vital
se passent sous le couvert aussi
de la plus profonde invisibilité;
le cœur de dieu s’ouvre
comme un beau vagin
à la messe
et ce n’est qu’ainsi que l’acte de réception eucharistique revêt
pour le maximum de chrétiens
son maximum d’efficacité;
mais ce cœur d’invaginé
qui le voit en dehors du pourceau qui le désire,
et de l’ange à chaque coup commis par dieu
pour la réussite de l’abjecte opération;
pour les autres,
ce n’est même pas un cerveau dont le lobe donne son pétale,
c’est…
mais il ne s’agit pas de cela,
j’ai dit
que
moi,
Antonin Artaud,
je souffrais d’un envahissement occulte de larves,
et qu’il n’était même pas besoin de recourir à la magie
pour expliquer les saletés de l’opération,
la science qui connaît les microbes
a inventé ces derniers temps les amibes;
le ramassis de pourceaux
qui jouent au succube
et à l’incube
pourquoi
après tout
ne serait-ils pas des amibes d’un érotisme particulier ?
Voilà des siècles que j’ai à me battre
avec ces émanations de néant
appelées incubes,
succubes,
larves,
lémures,
et qui ne sont après tout
que les découpures
d’un vide
où je crache,
moi,
personnellement,
le monstre
ou
la bête
que je me fais.
Oui,
mais d’abord on me la fait
car ce n’est pas pour le plaisir d’un sadisme particulier
que je m’inventerai
à toute heure
ces confetti sacramentels.
Antonin Artaud / États préparatoires - (Avis de messe) - extrait.