« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Rêve nocturne

 

 

 

à Jules Supervielle

 

Le rêve ouvrait

les salons profonds

et de minces voix

courants d’air

entraient

 

Du navire du ciel

du papier rayé

tombait l’ échelle

que mon corps

descendait

 

Le ciel sur le sol

comme dans un miroir

la rue étamée

répéta mes mots

 

L’ombre fermée

a volé mon ombre

Silencieux dans le silence

j’ai entendu que mes pas

passaient

 

Le froid d’acier

a fourni à ma main aveugle

sa dague

Pour me mettre à mort

la mort attendait

Et en tournant le coin

un long moment

ma main chargée d’acier

a trouvé mon dos

 

Sans une goutte de sang

sans bruit et sans poids

à mes pieds immobiles

mon corps est tombé

 

Je l’ai pris dans mes bras

je l’ai mené à mon lit

Le rêve fermait

ses ailes profondes

Xavier Villaurrutia
traduit de l’espagnol (Mexique) par Claude Beausoleil