« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Le rouge du couchant

 

 

 

 

 

Comme toujours,

Le train de banlieue était bondé.

Et puis, 

Comme toujours,

Des jeunes garçons et filles, étaient assis,

Une personne âgée restait debout.

Une fille qui avait la tête baissée s’est levée

Pour lui céder sa place.

La personne âgée s’est empressée de s’asseoir.

Sans le moindre « merci » elle est descendue à la gare suivante.

La fille s’est rassise.

Une autre personne âgée, poussée par la foule,

S’est retrouvée devant la fille.

La fille a baissé la tête.

Pourtant

Elle s’est levée de nouveau

De sa place

Qu’elle lui a cédée.

La personne âgée avant de descendre à la gare suivante lui a dit « merci ».

La fille s’est rassise.

Jamais deux sans trois… et c’est ainsi

Qu’une autre personne âgée, poussée par la foule,

S’est retrouvée devant la fille

Pauvre petite

Elle gardait la tête baissée

Mais cette fois elle n’a pas quitté son siège.

Une autre gare

Et une autre encore

Elle se mordait très fort la lèvre inférieure

Son corps était tout contracté…

Je suis descendu du train.

Epaules tendues tête baissée,

Jusqu’où la fille est-elle donc allée,

Ceux qui ont le cœur tendre

Toujours et partout

Qu’ils le veuillent ou non vivent un calvaire.

Pourquoi ?

Parce que ceux qui ont le cœur tendre

Ressentent

Les peines des autres comme si elles étaient les leurs.

Torturée par son cœur tendre

Jusqu’où la fille peut-elle donc aller ?

En se mordant les lèvres,

Pleine d’amertume,

Sans un regard pour le beau ciel rougeoyant du couchant.

Yoshino Hiroshi / Traduit du japonais par Dominique Palmé