Le rouge du couchant
Par domcorrieras, le jeudi 10 mars 2016 - Poèmes & chansons - lien permanent
Comme toujours,
Le train de banlieue était bondé.
Et puis,
Comme toujours,
Des jeunes garçons et filles, étaient assis,
Une personne âgée restait debout.
Une fille qui avait la tête baissée s’est levée
Pour lui céder sa place.
La personne âgée s’est empressée de s’asseoir.
Sans le moindre « merci » elle est descendue à la gare suivante.
La fille s’est rassise.
Une autre personne âgée, poussée par la foule,
S’est retrouvée devant la fille.
La fille a baissé la tête.
Pourtant
Elle s’est levée de nouveau
De sa place
Qu’elle lui a cédée.
La personne âgée avant de descendre à la gare suivante lui a dit « merci ».
La fille s’est rassise.
Jamais deux sans trois… et c’est ainsi
Qu’une autre personne âgée, poussée par la foule,
S’est retrouvée devant la fille
Pauvre petite
Elle gardait la tête baissée
Mais cette fois elle n’a pas quitté son siège.
Une autre gare
Et une autre encore
Elle se mordait très fort la lèvre inférieure
Son corps était tout contracté…
Je suis descendu du train.
Epaules tendues tête baissée,
Jusqu’où la fille est-elle donc allée,
Ceux qui ont le cœur tendre
Toujours et partout
Qu’ils le veuillent ou non vivent un calvaire.
Pourquoi ?
Parce que ceux qui ont le cœur tendre
Ressentent
Les peines des autres comme si elles étaient les leurs.
Torturée par son cœur tendre
Jusqu’où la fille peut-elle donc aller ?
En se mordant les lèvres,
Pleine d’amertume,
Sans un regard pour le beau ciel rougeoyant du couchant.
Yoshino Hiroshi / Traduit du japonais par Dominique Palmé