« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

ERRE EN SUPPORTANT LA SOUFFRANCE DU GRAND ÉCART

 

 

 

 

 

Pas besoin de te hâter sur le chemin.

Ceux qui craignent de commettre des fautes sont destinés à périr.

Les valeurs qui menacent tes lendemains sont illusions.

Si tu peux changer le vent en ombres gelées     en reculant devant la vulgarité

Pas besoin de te hâter sur le chemin.

Mais tu devrais te mêler verticalement au réel.

En supportant la solennité du grand écart

Continue d’errer sur la lande de la non-existence.

Dans ta hâte de découvrir des roses, ne te contente pas de pacotille.

Témoin de la présence de ce qui doit rester caché

Supporte l’écartèlement de l’arbre fendu en deux, et cette douleur

Qui sans larmes se répercute dans ta poitrine

laisse-la s’approfondir. Ensuite

Tu descendras seul dans ce gouffre de solitude.

C’est le fleuve de la mort, tu pourras donc aller de l’avant.

A force de supporter, si tu perds tout       n’en dis rien.

Regarde les oiseaux qui volent dans un silence de ciel d’azur.

Consens à être dupe des promesses que tu recherches

Pas besoin de te hâter sur le chemin.  

Okada Takahiko (1939-1997)
Traduit du japonais par Dominique Palmé