« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Oui

 

 

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Suis-je donc à ta suite

Un orpailleur des neiges

Qui n’a plus avec l’Ange

À mener le combat

 

Autour de nous les traces se sont défaites

On n’enfonce plus jusqu’aux genoux

Le sommet a glissé dans le ciel

Et tu as pris sa place

 

En ce pli de l’univers

Amnésie du créateur des sphères

Angle mystique de l’espace

Je ne vois que toi à découvert

Que toi pour être le surgissement

Qui se joue du vieil Euclide

Et des cinq postulats

 

Étoile de terre symboliquement authentique

Cristal ultime

 

Tu es le nouveau nom de l’altitude

Son identité fantasque

Sa chance d’être à jamais nomade

 

Tu pousses à bout le Haut du monde

 

Par intuition violente et connaissance éprouvée

Je sais un tel séjour inaltérable

Demeure de ce qui s’évanouit

Palais habité et désert

Comme un chant sans parole ni musique

Qui serait soif de tout poème

Mesure de toute harmonie

 

Reste pourtant un rire tonique

Au plus aigu de la lumière

Petite cascade en rappel qui rembarre le lyrisme

Qui ravive la crainte d’un ordre faux

D’une chausse-trappe dévote

Où il n’est plus de corps à corps avec le destin

Plus de désir

Plus de colère

 

Plus de folle sagesse ô combien

Soleil fauve à la bouche

Salve d’or dans les yeux

Infracassable noyau de nous

 

Il est fabuleux d’accéder

Sans rien céder

Ni rendre les armes à l’indicible

Creuser à la verticale de l’absence

Vers un Kailash céleste

Sans se contenter d’extraire de l’inconnu en creux

Ni une prière au jugé à mimer chez les sourds

 

Je te parle clair mon amour

Quand je signe ce testament

D’un oui définitif

Qui n’abdique jamais

 

Je n’accepte pas

Mais j’entre dans ta mort

Comme un enfant

Qui n’a pas dit son premier mot

 

Je n’accepte pas

Mais je porte hors du fleuve

La barque bleue

De ta seconde naissance

 

Je n’accepte pas

Mais je trouve en moi

La part divine

Qui ne vit que de toi

 

Ici ailleurs partout

Il n’est plus de prison

Le mal n’est plus ce qui fait mal

Juste un halo d’orage

Dans un sursaut du cœur

Qui voudrait que s’attarde

La dernière caravane

Menée à notre camp

Par un bandit d’honneur

André Velter / Ascension du Mont Analogue