Le prisonnier
Par domcorrieras, le lundi 15 février 2016 - Poèmes & chansons - lien permanent
Dans la nuit je m’éveille mais personne —
Le chien surpris se met à aboyer soudain
Prêt à bondir à la hauteur de tous les sommeils
Toutes les oreilles sont dans leurs lits
Et les lits sont dans les nuages
Tremblant de solitude se débattent les dents
Bondissent pour retomber désespérés les cris
A chaque fois me voilà qui glisse un peu plus hors du lit
Mes yeux sont deux trous jumeaux perforés dans le mur
Les rêves sur le bureau se congèlent en flammes de phosphore
Au ciel rougeoie le scintillement des étoiles
Sur terre hurlent tristement les chiens
(de quel endroit ? cet écho qui revient faiblement)
Or moi je connais le secret
Dans la prison de mon cœur aussi reste enfermé un chien qui aboie
Le chien d’une VIE* insomniaque et blafarde
(1949)
* En français dans le texte
Miyoshi Toyoichirô (1920-1992)
Traduit du japonais par Yves-Marie Allioux
Illustration : Kitagawa Utamaro (1753-1806) Utamakura (Poème-oreiller) /Estampe érotique (shunga).