« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

JE SUIS LIBRE

 

 

 

            Je suis libre. Aussi bien je veux tout me permettre. Je vis, sans dieu, sans lois, ma vie au jour le jour.
 

 

            S’il me plaît de chanter un refrain déshonnête, j’y vais de mon gueuloir. Fermez tous vos fenêtres !
 

 

            Non ! pas de sous ! d’honneurs qui sont de petits fours ! Ah ! vous cherchez, messieurs, comment vit un poète ?
 

 

            Mais du temps, vous savez, du temps. C’est un amour de monstre. — Il se nourrit ? — Du temps, je le répète.
 

 

            — Connais-tu bien l’amour, toi qui n’a pas de maîtresse ? Quel amour ? des beaux-arts ? ou l’amour de l’amour ?
 

 

            — Fi donc ! Celui du Maître en l’Éternel séjour. — Je suis libre, et demain je veux tout me permettre.
 

 


Joies désolées.

Paul Fort / Ballades du beau hasard / Portraits sur le sable