« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

XXVII

 

 

 

 

Ardeur des sens, ardeur des cœurs, ardeur des âmes,

Vains mots créés par ceux qui diminuent l’amour ;

Soleil, tu ne distingues pas d’entre tes flammes

Celles du soir, de l’aube ou du midi des jours.

 

Tu marches aveuglé par ta propre lumière,

Dans le torride azur, sous les grands cieux moirés,

Ne sachant rien, sinon que ta force est plénière

Et que ton feu travaille aux mystères sacrés.

 

Car aimer, c’est agir et s’exalter sans trêve ;

Ô toi, dont la douceur baigne mon cœur altier,

À quoi bon soupeser l’or pur de notre rêve ?

Je t’aime tout entière, avec mon être entier.

Émile Verhaeren / Les Heures d’après-midi
Illustration : Portrait de Verhaeren par Félix Vallotton