AU CRUCIFIÉ
Par domcorrieras, le lundi 25 janvier 2016 - Poèmes & chansons - lien permanent
Mon esprit avec le tien mon frère aimé,
Ne sois pas inquiet de voir tant de personnes prononcer ton
nom sans rien comprendre à toi,
Je ne prononce pas ton nom, je te comprends,
J’ai joie spécifique à te saluer mon camarade, à saluer
ceux qui t’accompagnent, ceux d’avant ceux d’après
qui viendront,
Pour que tous travaillions ensemble à transmettre à nos
successeurs l’unique charge,
Nous la minorité d’égaux sans préoccupation de terres
sans préoccupation de temps,
Nous qui embrassons sans distinction les continents, les
races, tolérons toutes les théologies,
Qui compassionnons, percevons les rapports humains,
Marchons sans bruit à travers disputes et assertions sans
rejeter les querelleurs ni rien de ce qu’ils affirment,
Avons dans les oreilles le vacarme des insultes, tympan
atteint par les divisions les jalousies les récriminations
émanant de partout,
On nous assaille, péremptoirement on nous entoure, mon
camarade,
Rien ne nous entrave, nous marchons librement, parcourant
en tous sens la terre entière jusqu’à ce que nos
pas ineffaçables s’impriment sur le temps, sur toutes
les époques,
Jusqu’à la saturation du temps des époques, jusqu’à ce que
hommes et femmes des races des âges futurs soient
frères et amants tout comme nous.
Walt Whitman / Feuilles d’herbe - L’Automne en ses ruisseaux