« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

M’en fous

 

 

 

 

 

 

Je me fous du barbarisme et du lettrisme

Je me fous du lyrisme et du paganisme

Je me fous du communisme et de l’athlétisme

Je me fous du symbolisme et du catéchisme

Je me fous des bavards, des racontars

Je me fous du pinot noir et du papier buvard

Je me fous des couche-tôt et des Marie-couche-toi-là

Je me fous de l’aphérèse et des aphorismes

Je me fous de Sainte Thérèse comme de ma première chemise

Je me fous du tiers et de l’antépénultième

Je me fous de la mer et m’en fous de la mort

Je me fous du Seigneur et de tous les fouchtras

Je me fous de l’âme et de tous les grands hommes

M’en fous d’l’Emp’reur sa femme et le p’tit Prince

M’en fous du vent, d’la brise et du bonheur

M’en fous des gonzesses et des moines trappistes

M’en fous du Dalaï Lama et des quarante voleurs

M’en fous des voyages et autres bastringues

M’en fous des jeunes, des vieux et de l’arithmétique

M’en fous de l’artiche et des petits matins

M’en fous du chagrin et des peaux de lapins

M’en fous d’l’amour avec du poil autour

M’en fous des grecs, des belges et des bamboulas

M’en fous du ciel, d’la nuit et d’la Saint Glinglin

M’en fous des araignées, des serpents et des bas nylons

M’en fous des fous, des trous et des coucous

M’en fous d’l’orage et de ses plumages

M’en fous du chaud, du froid et des œufs au plat

M’en fous d’crever tout seul comme un rat

M’en fous d’la vie, d’la joie et des rutabagas

M’en fous du péril en la demeure

M’en fous d’la France et des rastaqouères

M’en fous du 14 Juillet du tirage du Loto

M’en fous des lois, de l’esprit et de la chair

M’en fous de la route et du dernier verre

M’en fous de Dieu et de la chatte à la voisine

J’m’en fous du silence des oiseaux

J’m’en fous de la belote et du bistrot

J’m’en fous du Tout, du rien et des carabins

J’m’en fous d’mon nom, du tien et d’la gamelle du chien

J’m’en fous de l’heure et de la demi-heure

Je me fous de l’hiver dans les chaumières

Je me fous des noirs, des blancs et des chinetoques

Je me fous du monde et d’la miséricorde

Je me fous de tout en somme

Et même de toi, ma pomme

Dom Corrieras / Metz - janvier 2016