« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Je suis le gardien de la grotte

 

 

 

 

Je suis le gardien de la grotte

Je ne comprends pas ce qui les attire

Au fond d’un boyau glacé

Tout en chicanes où l’air manque

 

Ni comment il s’y est pris

Pour distinguer à travers le noir

Le mur gondolé pareil à un livre

Qui aurait séjourné dans le torrent

 

Celui dont la main sans trembler

A tracé tant de lignes

Les unes par-dessus les autres

Comme si la place lui avait manqué

 

On décrypte (ainsi disent-ils) à la lumière de la torche

Des pattes un long col des bois

De cervidés un taureau sans ses couilles

C’est à son encolure qu’on induit son sexe

 

Proclament certains qui désespèrent

De savoir où dans cet emmêlement

Se cache une femme

Avec à peine une tête

 

Lamelliforme mais de mamelles

Une croupe des fesses un ventre

Et le triangle en bas

Vertigineux

Pierre Silvain / Les chiens du vent (extrait)