« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

ENTRE HAUT ET BAS

 

 





La nuit les petites pierres font leur travail

Véhiculent le sommeil des grands animaux

C’est une chasse ou un éventail

 

Le certain est que rien

N’est déplié sans froissement

Ce petit bruit d’orage à l’oreille du dormeur

Comme un enfant au creux d’une haie

Un gland au plus profond de sa poche

Ou un oiseau à l’aisselle des branches

 

La peur aussi n’est pas bien loin

Comme une ritournelle aux confins du village

Avec des doigts noués sur une main

Toute en douceur de sable de rivière

Qui n’oublie point la rigueur de l’été

Comme ces machines oubliées sur une route

Dont on ne sait jamais si elles ont fait

Du vin du charbon ou des gâteaux démesurés

Le grand pavois de la rouille

Pousse des cris de fête

Jehan Mayoux / Autres poèmes
Illustration : Portrait de Jehan Mayoux par Hans Bellmer