UN DE TES FILS, INDIEN…
Par domcorrieras, le vendredi 11 septembre 2015 - Poèmes & chansons - lien permanent
De la transparence des lacs
tu sors voir le soleil, homme
d’eau douce respiration
de statue dans le silence.
Tu dresses sur tes tempes aériennes
le monde qui t’entoure.
Pas une ride sur ton nuage,
Rien d’autre : un glissement de siècles
roulant son flux autour de toi.
Une présence sans contact,
unie à la porosité du ciel.
Qui a perforé
ton rêve ? Tu es né de cette manière
en glissant, et depuis,
du fleuve qui pénètre dans le lac
tu sors, toi, profond et pieds nus.
Tu tardes tellement à traverser
les stances mélodieuses
de ta flûte qu’il reste temps
et humidité aux gencives
des sillons pour qu’elles laissent poindre
les dents vertes
des semis. Musique d’anneaux
qui circulent sans marcher
dans les cavités des échos et métiers à tisser.
Celui qui vit à ta façon
meurt de mort végétale
et laisse la terre imprégnée de rêve.
La soif de la mer te poursuit,
la mer qui ne t’atteint. Il n’y a pas
trace de mer salée dans ton histoire.
Des mers d’eaux douces seulement.
La dense solitude de la canicule
m’a fait penser à toi.
Tu es redevenu statue de mon attente.
Oui, qui naîtra demain ?
Laisse-moi dire que ce soit un de tes fils,
fluide comme une musique de rivière,
humide comme un lit de lac,
abyssal et souriant. Un de tes fils, Indien !
Miguel Ángel Asturias / Poèmes indiens