« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Le Coupable

 

 

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Trop de jour trop de joie trop de ciel

la terre trop vaste un cheval rapide

j’écoute les eaux je pleure le jour

 

 

la terre tourne dans mes cils

les pierres roulent dans mes os

l’anémone le ver luisant

m’apportent la défaillance

 

 

dans un suaire de roses

une larme incandescente

annonce le jour.

 

 

absence de tonnerre

éternelle étendue des eaux pleurantes

et moi la mouche hilare

et moi la main coupée

moi je mouillais mes draps

et j’étais le passé

l’aveugle l’étoile morte

 

 

chien jaune

il est là lui

l’horreur

hurlant comme un œuf

et vomissant mon cœur

dans l’absence de main

je crie

 

 

je crie au ciel que

ce n’est pas moi qui crie

dans ce déchirement de tonnerre

ce n’est pas moi qui meurs

 

 

c’est le ciel étoilé

le ciel étoilé crie

le ciel étoilé pleure

je tombe de sommeil

et le monde s’oublie

 

 

enterrez-moi dans le soleil

enterrez mes amours

enterrez ma femme

nue dans le soleil

enterrez mes baisers

et ma bave blanche.

Georges Bataille / Poèmes de la Somme athéologique