« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Nord

 

 

 

 

 

Levant ni betterave

ni sang,

rouge rose-de-mer.

 

J’ai amplifié mes battements de cœur

mille fois,

les bêtes au départ intriguées

ont ensuite convenu que j’étais

un autre tonnerre humain.

 

Tandis que je parlais direct à dieu

mon attention a lentement décru.

J’ai tant de choses en tête.

 

Je me suis entraîné

à me faire aussi fort

que l’eau.

 

Après toutes ces années

à retenir le monde entier

je le laisse maintenant rouler à flanc de colline

et sombrer dans le fleuve.

 

Un arbre en appelle

toujours un autre,

lorsque je foule encore

cette terre non dite.

 

Je me suis rêvé

de longtemps

à l’endroit

où je suis.

 

Par une journée froide

ours, coyote, grues.

Par une nuit de pluie

un loup aux yeux jaunes.

Par un jour de vent

onze faucons crécelles

me regardant de haut.

Par un après-midi brûlant

les corbeaux flottaient au-dessus

du fleuve, là, où je me suis

laissé noyer.

 

En pays inconnu

au loin tout là-bas

j’ai marché la nuit

pour me terroriser.

 

Quel est cet autre,

partageur de secret,

celui qui dirige la main

qui vient tordre le cœur,

et la voix qui m’appelle

entre plume et pierre

l’heure d’avant l’aurore ?

 

De quelque façon

j’ai pris la forme

d’un vieil homme brun

dans un manteau vert.

 

Ayant rempli toutes

mes obligations

mon cœur s’en va léger

dans la danse descendre.

Jim Harrison / Autres poèmes