« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Années

 

 






L'arbre unique

Est celui de l'anniversaire

Il me dévisage et sourit.

 

J'ai mis une vieille tenue

Une cravate noire

Et je me suis assis auprès de mes années

Alors qu'elles allongeaient leurs cous

Vers le bas.

 

Je me suis dit :

« J'aimerai te fêter au moins une fois, mon âme. »

— Fais de sorte à ce que les fantômes ne soient pas de la fête

M'a-t-elle répondu.

 

J'ai dit à mon ombre qui revenait après une longue absence :

« Assied-toi ! »

Elle s'est assise, résignée

Et ne prononça mot.

 

Je suis rentré dans une forêt

Que je n'avais jamais vue auparavant

Puis dans une maison

Que personne n'occupait

Et lorsque j'ai voulu revenir

La forêt a bougé

Et la maison avec.

 

Sur les voies lointaines

J'ai vu un train roulant vite

Sans jamais quitter sa place

Je l'ai pris

Et j'ai marché.

 

Ah

Que mes années sont lentes !

Je les devance 

Et je dors.

 

Que de fois, mes années

Je me suis présenté devant vous

Comme un mendiant !!

Abdelkrinm Kassed / Walaïm lil hidad « Banquets pour un deuil »,
traduit par Kader Rabia / publié dans la revue « Convergences », N° 1 / Automne 2012.