CHANT XXXII
Par domcorrieras, le mercredi 18 janvier 2012 - Poèmes & chansons - lien permanent
Si j'avais des rimes âpres et rauques, comme il conviendrait au sombre puits sur lequel reposent tous les autres cercles,
J'exprimerais plus pleinement le suc de ma pensée; mais puisque je n'ai pas ce pouvoir, ce n'est pas sans crainte que je me hasarde à parler.
Car ce n'est point une entreprise à regarder comme un jeu, que de décrire le fond de tout l'univers, ni le fait d'une langue qui balbutie encore.
Mais qu'elles soient en aide à mon vers, ces femmes* qui aidèrent Amphion à bâtir Thèbes, pour que mon récit ne soit point inférieur au sujet.
O race maudite sur toutes les autres, qui habites ce lieu dont il est dur de parler, que n'étais-tu des brebis ou des zèbres en ce monde !
Quand nous fûmes au fond du puits obscur, encore plus bas que les pieds du géant, comme je regardais encore les hautes murailles,
J'entendis qu'on disait : «Veille sur tes pas, fais en sorte que tu ne foules point à tes pieds les têtes de frères malheureux et torturés.»
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* Les Muses
Dante Alighieri / La divine comédie - Chant XXX (fragment)