« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Ternaires

 

 






Me coucher sur la terre,

N'être plus que le temps qui va

Me supprimer.

 

 

Au cœur double du gouffre,

Avant, après,

Se taire.

 

 

L'Indien chante à la guitare,

Les fleurs résonnent,

Comment suis-je encore ici ?

 

 

Ne le retourne pas,

Ton nom,

Il n'y a rien.

 

 

Toi que nul ne peut croire,

Fais connaissance

Avec l'échec.

 

 

Si vert le vert, si noir, si clair, le bleu si rouge,

Tout aujourd'hui,

Si lourde au pied mon ombre.

 

 

Les enfants,

Criant, riant, de loin appelant,

De si loin.

 

 

Douleur peut-elle être plus grande,

Le poète en fait un poème

Fi les larmes ne coulent pas.

 

 

Ô monde immense

Et moi

Avec mes mots.

 

 

Monde ou poème,

Choisis ta foi

Ou sois folie.

 

 

Quand se défont temps, espace, parole,

C'est vers toi que mes yeux se lèvent,

Château en ruines.

 

 

Il faisait ce matin

Si beau,

Reste avec nous, même à douter, tu n'es pas seul.

 

 

Grands tournesols,

Le soir,

Face à l'horizon vide.

Maurice Regnaut / Action Poétique N°37