« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

La flè­che empoi­son­née

 

 

 

 

 

Assez de poi­son pour te faire

déli­rer, & de chaî­nes

pour t’entra­ver, & une fois

que la flè­che a été tirée

& qu’elle s’est plan­tée, ma foi

c’est comme l’his­toire de la mou­che & du che­val :

je veux dire qu’une mou­che après avoir piqué un che­val

s’empresse d’en piquer un autre

& je veux dire aussi que cette flè­che

est comme une femme enceinte

                    af­fa­mée de viande

& même si elle ne perce pas ta peau

                    tu meurs

& si elle t’atteint et fait son office

                    tu meurs

& si elle ne fait que t’effleu­rer avant de retom­ber

                    tu meurs

          & tant que tu épar­gne­ras mon sang

          ­peu m’importe celui que tu attein­dras

                    ­tue-le

          je ne lève­rai pas le petit doigt pour l’empê­cher

C’est un feu que j’allume

& c’est un feu que je bran­dis

& c’est une ombre qui s’enflamme

& c’est le soleil qui prend feu

parce que le poi­son dont je dis­pose est plus puis­sant

          ­que les bal­les

          & plus bruyant que le ton­nerre

          & plus brû­lant que le feu

& que m’importe celui qu’il atteint, tue-le !

                    je ne lève­rai pas le petit doigt pour l’empê­cher

tant que tu épar­gne­ras mon sang

Peu­ple Haussa (ou Haoussa) / La flè­che empoi­son­née