« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Je reste en vous granit que RIEN ne peut changer

 

 

 

armand_robin.jpg

 

 

 

 

à la mémoire d’Esse­nine et de Maïa­kovski, assas­si­nés par le régime sovié­ti­que. 

 

 

 

Je ne suis plus qu’un homme qui dit ce qu’il est :

Je n’ai plus du tout besoin de style com­pli­qué ;

J’ai besoin seu­le­ment de quel­ques mots trem­pés dans les ruis­se­lets

Et de quel­ques ima­ges, trui­tes argen­tées que je prends nu-pirds.

Pour con­fes­ser : les ouvri­rers, les pay­sans m’ont tout donné.

 

Je dois à ces très grands, très purs tout ce que jai ;

De leur âme indomp­ta­ble, inter­nis­sa­ble ils m’ont armé,

Ils m’ont appris : “Sois amour, pitié, bonté ;

Recher­che ce qui EST, jamais ce qui PARAIT ;

Sur­tout ne soit jamais sta­li­nisé.“

 

Quand un mot chante en moi, c’est qu’il vou­lait en eux chan­ter

Je ne suis pas venu pour vivre en pri­vi­lé­gié ;

J’ai la main prise dans une grande main de fidé­lité ;

On ne peut m’appri­voi­ser avec des bou­quets de célé­brité ;

Aucun moyen de mener au ban­quet des lét­trés.

 

Les poè­mes pour moi ne sont pas un ban­quet,

Mais manière plus sûre et plus dure de tra­vailler.

Pay­sans, ouvriers, surgi de vous, aven­turé

Sans rien tra­hir parmi les grands mes­sieurs mau­vais,

Je reste en vous gra­nit que RIEN ne peut chan­ger

Armand Robin