« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

ô cul de grand'valeur

 

 

 

…/…

 

     Je dis encor, ô cul de grand'valeur,

Que ton teint fait de brunette couleur

Ne changera tant que seras en règne,

Et le teint blanc qu'aux autres membres règne

Par cours de temps peu à peu viendra laid. 

     Ô doncques cul, réjouis-toi seulet

Puisque tu as tant de vertu et grâce

Que tout beau teint, fors que le tien, s'efface

Et, advenant qu'il se pût effacer,

Mieux que d'un autre on se pourrait passer.

     Et, pour renfort de ta louange écrire,

Dis que tu tiens de tous membres l'empire,

Pource que peux leurs beautés disposer

Ou leur laisser, ou leur faire poser :

C'est quand tu es aux œuvres naturelles

Prompt et hardi, ou quand tu te fâches d'elles,

Et de toi prend leur joie, ou leur tristesse.

     Ô cul vaillant et rempli de prouesse,

Combien heureux sont − donc − les membres tous

Tant que tu as la foire, ou bien la toux ?

Car, ce pendant, la crainte ne les mord

D'être mordus, en chiant, de la mort.

     Confessent donc que sans tes bénéfices

Ils n'ont beauté, teint, plaisirs ne délices.

Eustorg de Beaulieu (1505 - 1552) / Le cul (extrait... dernières strophes)