« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Après la bataille

 

 




Poé­sie sen­sée de Vic­tor Hugo tra­duite

en vers lou­fo­ques par C.COR­NET

 

 

Mon père, cet anchois au sou­rire anda­lou,

Suivi d’un nénu­phar qu’il aimait entre tous

Pour son faux col vert-neige fait en pierre de taille,

Par­cou­rait en nageant la foire à la fer­raille,

Où se tenaient, pen­sifs, des melons accrou­pis…

Sou­dain, son gros orteil crut per­ce­voir des cris…

C’était un héris­son vol­ti­geant sur la route,

Qui brû­lait son chan­dail pour mieux cas­ser la croûte,

En criant : « un chou-fleur pour cirer mes sou­liers !!!

Ou bien un bec de gaz pour me laver les pieds !!!… »

Mon père, ému, ten­dit au nénu­phar fidèle

L’obé­lis­que à vapeur où trem­pait sa bre­telle

Et dit : « mou­che la jambe à cet oiseau blessé,

Et brûle-lui l’œil droit avec un fer glacé. »

À ce moment pré­cis, sur­gis­sait du « rat-mort », 

En mar­chant sur les mains, un boa cons­tric­tor

Qui lança sur mon père sa veste en alpaga.

Le coup passa si près qu’un hareng se noya,

Et qu’un élé­phant blanc tomba dans la sou­pière.

« Hur­rah ! », cria mon père, se mor­dant la pau­pière.

Pierre Dac / L’os à Moelle - organe offi­ciel des lou­fo­ques / N° 38 (ven­dredi 27 jan­vier 1939)