« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Je remplis de ton nom les antres et les bois

 





France, mère des arts, des armes et des lois,

Tu m’as nourri long­temps du lait de ta mamelle :

Ores, comme un agneau qui sa nour­rice appelle,

Je rem­plis de ton nom les antres et les bois.

 

Si tu m’as pour enfant avoué quel­que­fois,

Que ne me réponds-tu main­te­nant, ô cruelle ?

France, France, réponds à ma triste que­relle.

Mais nul, sinon Écho, ne répond à ma voix.

 

Entre les loups cruels j’erre parmi la plaine,

Je sens venir l’hiver, de qui la froide haleine

D’une trem­blante hor­reur fait héris­ser ma peau.

 

Las, tes autres agneaux n’ont faute de pâture,

Ils ne crai­gnent le loup, le vent, ni la froi­dure :

 

Si ne suis-je pour­tant le pire du trou­peau.

Joa­chim Du Bel­lay / Regrets - 1558