« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

L’ÉTRAN­GER

 

 

 

 

 

— Qui aime-tu le mieux, homme énig­ma­ti­que, dis ? ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère ?

sur cette boule d’indigo

— Je n’ai ni père, ni mère, ni sœur , ni frère.

— Tes amis ?

— Vous vous ser­vez là d’une parole dont le sens m’est resté jusqu’à ce jour inconnu.

— Ta patrie ?

— J’ignore sous quelle lati­tude elle est située.

— La beauté ?

— Je l’aime­rai volon­tiers, déesse et immor­telle.

— L’or ?

— Je le hais comme vous haïs­sez Dieu.

— Et qu’aimes-tu donc, extra­or­di­naire étran­ger ?

— J’aime les nua­ges… les nua­ges qui pas­sent… là-bas… là-bas… les mer­veilleux nua­ges !
 

 

Char­les Bau­de­laire