« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Le Pro­jet était un pro­jet de poé­sie

 

 




 

    Je ris­que ici non un para­doxe, que je ne refu­se­rais guère, mais une inco­hé­rence, une incon­sis­tance, ce qui est plus grave : j’ai tou­jours eu comme de la haine, une haine de poète arti­san de poé­sie, pour l’exten­sion incon­si­dé­rée de la notion de ‘ poé­ti­que ’ en des régions où je sens qu’elle n’a rien à faire.

    La poé­sie est pour moi une acti­vité for­melle, tout autant qu’une forme de vie, et mon modèle est celui qu’ont inau­guré pour nous les trou­ba­dours (et toute poé­sie de l’avant et de l’ailleurs n’est recon­nais­sa­ble pour moi qu’à par­tir de ce modèle). Le recul phi­lo­lo­gi­que, qui uti­lise l’his­toire du mot pour don­ner à ‘ poé­ti­que ’ une signi­fi­ca­tion très éten­due, n’éclaire en rien, telle est ma posi­tion. La défi­ni­tion ‘ séman­ti­que ’ de la poé­sie qui recon­naît comme ‘ poé­ti­que ’ le cou­cher du soleil me donne la nau­sée.

 

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Jac­ques Rou­baud / Le grand incen­die de Lon­dres / Rêve, Déci­sion, « Pro­jet » (extrait)