« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Je ne puis trouver le repos

 

 

 

 

V

 

 

Je ne puis trouver le repos.

J'ai soif d'infini.

Mon âme languissante aspire aux inconnus lointains.

Grand Au-Delà, ô le poignant appel de ta flûte !

J'oublie, j'oublie toujours que je n'ai pas d'ailes pour voler, que je suis éternellement attaché à la terre.

 

Mon âme est ardente et le sommeil me fuit; je suis un étranger dans un pays étrange !

Tu murmures à mon oreille un espoir impossible.

Mon cœur connaît ta voix comme si c'était la sienne.

Grand Inconnu, ô le poignant appel de ta flûte!

J'oublie, j'oublie toujours que je ne sais pas le chemin, que je n'ai pas le cheval ailé.

 

Je ne puis trouver la quiétude; je suis un étranger à mon propre cœur.

Dans la brume ensoleillée des heures langoureuses. Quelle immense vision de Toi apparaît sur le bleu du ciel !

Grand Inconnaissable, ô le poignant appel de ta flûte !

J'oublie, j'oublie toujours que partout les grilles sont fermées dans la maison où je demeure solitaire !

 

 

 

 









 

Rabindranàth Tagore(1861-1941)/ Le Jardinier d'amour.