« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

HARO

 


Ha ! aimez-moi fougueusement,
chassez mon grand mal à présent !
Entre mes idées, comme le singe méchant
    entre les barreaux de haut en bas qui va et vient,
je sautille, je grince et je montre les dents,
car je ne crois rien et, vraiment,
    j’ai grand peur du châtiment.

Mortel, entends-tu mon chant,
où comme la brousse tu le grondes seulement ?
Embrasse-moi, non pas ce regard aveuglant
    à la vue de la dague dégainée —
nul abri immortel rassurant
à qui se plaindre en enfant :
    j’ai peur du châtiment.

Tel un radeau emporté par le courant,
tel sur le radeau un mélancolique Flamand,
ma race humaine descend
    muette de souffrance —
mais je clame malgré les larmes;
aime-moi : que je ne sois pas trop méchant —
    j’ai peur du châtiment.

Attila József / Poèmes (1927-1937)