« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Je marcherai

 



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Je marcherai dans cette ville inconnue, dit-il, pour essayer de trouver un travail et changer mon existence.

Vagabond, affamé, transi, il se promène dans la campagne, seul, effrayé, vivant.

Demain n’existe pas, aujourd’hui est jour de chance : buvons la lie du présent !

La fulgurance de l’Instant : un pli de l’éternité dans la lumière, comme l ‘éphémère de la Foudre.

À quoi bon chercher un pays si nos pensées sont filles de l’Univers? La face cachée du monde a effacé nos traces et les empreintes des bêtes se sont confondues avec nos pas. L’ardoise magique du vent a repris nos paroles…

La mort viendra. Je retournerai la terre. Tu renverseras la naissance !

Trop de blessures pour ce cœur enfoui dans le sang du désespoir. Trop de plaies ouvertes entre les lèvres de la nuit. trop de privations, de misères, au fond du malheur, dans les chambres isolées. Trop de cris et de solitudes, trop d’ennuis, de terreurs, de gâchis, de folies, de luttes vaines ou impossibles pour avancer, survivre plus longtemps. trop de haines et de révoltes pour le recommencement des jours, trop de trahison et de pureté, trop d’échecs…

Didier Manyach / Remontée des Fonds - première partie (extrait)