« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Pagne

 

 

Qu’on ne me dise pas que je n’ai pas chanté
Ma vieille négritude.
Je la vis
Il suffit.
Je hais les habitudes.
Nègre d’un temps nouveau, d’autres rêves hanté,
Je veux en homme libre
M’épanouir et vivre.
Je suis las des rengaines
Plaintives de la haine.
Vers d’autres horizons
je voudrais aujourd’hui porter un regard neuf.
De l’âme de la race
que s’ouvre la prison !
Un peu d’air et d’espace
Et si par le passé quelqu’un m’a rendu veuf
En me prenant mon âme,
Je reprends celle-ci des cendres de mon pagne
Dont j’ai refait la trame
Moderne et symbolique.
Voyageur, je m’en vais d’un pas ferme et léger,
Déchargé des reliques
Qui, depuis trop longtemps, me firent trébucher.
J’aime le jeu. Je veux jouer à qui perd gagne.

 

Samedi, le 24 novembre 1973.

Bernard Nanga / Poèmes sans frontières