« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

LE SOMMEIL

 

 

Soyez maudits, sombres poisons,
Blanc sommeil !
Ce très étrange jardin
D’arbres crépusculaires
Empli de serpents, de phalènes,
D’araignées, de chauves-souris.
Étranger ! Ton ombre perdue,
Dans le couchant,
Ténébreux corsaire
Dans la mer salée de l’affliction.
S’envolent des oiseaux blancs à l’orée de la nuit
Sur des villes d’acier
Qui s’écroulent.

Georg Trackl / Poèmes publiés dans la revue « Le Brenner » (1914-1915)
Illustration : Georg Trackl par Ramon Trinca