« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

RUINE

 

 

 

Cocorico, cocorico, le nouveau coq du village a parlé,
Il paraît qu’on n’entendra plus jamais le tocsin
Il paraît qu’on l’a enterré dans un cimetière mauve
Mais il paraît aussi qu’un timbre de vélo l’a remplacé

Cocorico, cocorico, la bicyclette a deux roues
Et serre un cœur entre deux cuisses
Elle le gave de poussière
Et le coiffe d’un petit drapeau américain

Cocorico le coq a parlé
Ce soir élection au cimetière
Tartempion sera probablement élu
Et fera guillotiner beaucoup de squelettes

Cocorico la bicyclette a parlé
Son petit cœur est tombé dans un égout
Et la pauvre vieille a l’intention
De se suicider d’un coup de pneu
Cocorico…


(1946.)

Jean-Pierre Duprey / Derrière son double - Œuvres complètes