« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Le siècle meurt


 

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Il y eut le vol bas de l’épouvante

le tremblement de la terre et du ciel

 

Dans l’ombre des couteaux

l’homme quêtait l’arche d’une embellie

 

(terreur sur les confins

charnier à la lisière de la nuit

les fleurs de sang

la main coupée)

 

Il y aura toujours

ce pan de suie et de douleur

incurable blessure

 

Et de l’espoir jadis d’un jardin immortel

où fleurirait la nudité du corps et de l’esprit

il ne reste que cendre

 

sang pus sanie

crasse rouille et gangrène

silence noir par!ès l’embrasement

 

Le siècle meurt

un vent mauvais disloque l’héritage

 

Nous vous laissons

enfants

ces graines corrompues

le poison dans le germe

l’improbable moisson

Jean Joubert
Illustration : dessin de Louis Hubert