DE TRÈS LOIN DU SOLEIL
Par domcorrieras, le dimanche 11 mars 2018 - Poèmes & chansons - lien permanent
Il y a une cave dans la partie du ciel et les chiens taisent
le nom de cette lune-là…
La mer, penchée dedans, est un gage de larme.
Il y a aussi la maison du ciel, toute blessée d’une fenêtre
inquiète, ouverte sur une rue
Où donnent
De grands anneaux mouvants, de grands ciseaux
d’ailes, utiles comme des dents.
Qui, sans ces oiseaux, s’occuperait de noircir l’aurore ?
J’ai recopié ce monde en tant d’exemplaires que ses
racines me changent les mains. Et mon corps s’y déplace et
le reste avec, avec ma bouche mordue à la suite des pierres.
Avec moi le crève-chêne
Et l’attrape-tête,
Le crue-temps
Et l’oiseau sec de ciel, les animaux sans terre et des
mains creuses de vent.
Maintenant, quelquefois, dans le miroir désespérément
ouvert, je me vois cuire un cœur soulevé d’un horrible
battement jeté de très loin du soleil.
Jean-Pierre Duprey / Derrière son double - Œuvres complètes