« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Réveil


 

 

 

 

Se laissent tomber dans les pages

les rêves ailés comme des bateaux

dans une bataille ancienne

Se réveillent les voiles

d’abord sans bruit,  comme si elles devaient mûrir

avant de blanchir

aux tiges des mâts

Fatiguées les cordes se gonflent

et titubent

avec des pas noctambules

les mats matelots

du sommeil.

 

            Devant les côtes

croisent (comme des lames) les consonnes

dans les brises des sons

Elles n’ont pas encore de pensées

mais le vol des voyelles sombres devient

déjà plus fort

qui apporte du sens

Lentement le filet sourd se déchire

Feu blafard

Déchiffrage des derniers codes nocturnes

Rougeoiement du marquage de l’horizon

Insérer maintenant les lignes du grillage du filet

Prendre comme cible le milieu de l’image

 

 

Puis enfin la phrase tient debout.

Gerhard Falkner
Traduit de l’allemand par Jean Portante